Deux visages se partagent le même corps. L’un, lisse, maîtrisé, tourne le regard vers ailleurs. L’autre, disloqué, criant, expose ce que l’on préfère souvent cacher : la colère, la blessure, la déformation de soi par excès de retenue. Cette figure incarne un corps social autant qu’un corps intime.
Celui qu’on attend, qu’on juge, qu’on contraint à rester calme, cohérent, lisible. Et celui qui déborde. Le geste des mains croisées sur la poitrine pourrait rassurer. Mais ici, il dit autre chose : le maintien de l’ordre intérieur, le dernier effort pour ne pas imploser, pour rester digne dans la tension. L’œuvre donne à voir ce moment où le corps devient l’archive vivante de tout ce qui n’a pas pu être dit.
Où l’expression, la parole, la révolte deviennent des actes politiques.
Car ce n’est pas un simple cri. C’est une forme de résistance douce mais irréversible, un refus de continuer à porter les masques de l’acceptable.