Le visage ici n’est pas un simple portrait. Il est masque. Interface. Énigme.
Il émerge d’un corps stylisé, bleu profond, dense et muet comme une pierre. Ce corps n’est pas une chair. Il est forme de retenue, bastion du silence. Il contient, supporte, camoufle. Il est à la fois socle et armure.
La matière picturale dessine une scission nette : le haut du visage, rouge, vibrant, semble chargé d’une tension brûlante. Le bas, bleuté, glacial, presque éteint, retient l’émotion, la parole, le cri.
Ce visage ne s’exprime pas. Il garde, incarne, tient la pose.
Il devient une persona : ce que l’on montre pour survivre, pour se fondre dans l’attente sociale, pour rester stable au milieu des regards. L’œuvre dit quelque chose de ce que nous sommes : des êtres traversés, qui fabriquent des masques à force de retenue, des corps sculptés pour paraître forts, même quand ils abritent le feu.